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Blocage/déblocage de Paris 7
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22 novembre 2007

Loi Pécresse vs loi du plus fort

Tout d'abord, j'insiste sur le fait qu'en aucun cas je ne remets en question le principe de grève des étudiants. Je le vois en AG, il y a vraiment des revendications, bien que je trouve qu'il s'agit d'avantage d'inquiétudes infondées. Je ne souhaite pas qu'on les fasse taire, ni qu'on les "dégage", qu'on les "vire" ou qu'on les "défonce" comme j’ai pu entendre, je veux juste qu'on me laisse étudier sur mon lieu d'études. Fin de la mise au point.

1). Des méthodes contestables

Tout d’abord, et je dirais même par essence, le blocage est une forme de violence puisqu’il s’agit de mettre en œuvre des moyens matériels pour s’imposer. Et si par hasard je veux rentrer dans ma fac, il faut que je retire les chaises et les tables qui se trouvent sur mon chemin, non ? Mais si je fais ça, on m’en empêchera par la force.

Lundi dernier, en arrivant à la fac, on aurait dit qu’un coup d’état s’était produit pendant la nuit. En effet, les bloqueurs avaient pris possession des lieux, affichaient leurs banderoles, il n’y avait pas d’autres tracts, et ceux qui s’opposaient n’avaient qu’à la boucler. Voilà qui faisait surtout penser à de la propagande, où l’on impose un mode de pensée unique, où l’on méprise les autres étudiants, où l’on fait taire l’opposant.

Imaginons une seconde un mouvement d’extrême droite s’imposant à la fac, avec ses revendications et où tous les autres se taisent, que dirait-on ? Ce serait tout simplement des fascistes (je suppose qu’après avoir écrit ce que je viens d’écrire, il faut que je dise que ce serait normal pour ne pas être accusée de militante FN, donc je le dis, ce serait normal). Mais pour moi, que les gens qui se comportent de la sorte soient de droite ou de gauche, ça ne change rien : je n’y vois que des méthodes de régime totalitaire.

2). Des AG illégitimes

Les AG sont toujours organisées par les mêmes personnes, des partisans du blocage, choisissant leur tribune, leurs questions à débattre et à voter, toujours les mêmes intervenants, qui eux parlent plus longtemps et plusieurs fois. Elles se déroulent toujours de la même manière : une partie « débat sur la loi », puis une partie « perspective », et enfin le vote (j’y reviendrai). Ces AG ne sont d’ailleurs pas du tout représentatives puisque les étudiants opposés au blocage sont en cours et ne peuvent donc pas s’y rendre. Il y a au plus 500 personnes qui y assistent, comment pourraient-elles représenter les 26000 étudiants + 1100 personnels administratifs et techniques + 2700 chercheurs et enseignants-chercheurs = 29800 personnes concernées ?

… et inutiles

En effet, je ne suis allée qu’aux AG de lundi et mercredi, mais je n’ai vu aucune différence entre les deux. J’ai entendu les mêmes arguments (des pros comme des anti-blocages) et le vote a conduit au même résultat.

La seule utilité de ces AG est la partie vote pour la plupart. Mais avant de voter, il faut attendre au moins deux heures, ce qui en décourage plus d’un. Pourtant j’ai décidé de jouer le jeu, j’ai accepté de voter dans ces AG, de louper deux heures et demi de cours pour donner mon avis, mais j’ai bien l’impression d’être la seule puisque 500 votants sur 29800, ce n’est même pas 1.7% ! Pourtant les bloqueurs, ils sont presque tous là puisqu’ils préfèrent bloquer la fac qu’aller en cours (j’ai dit bien « préfère », pas que ne pas aller en cours était le but). Imaginez des élections où pour accéder aux urnes, on vous impose une heure et demi de déclarations de candidat A, mêlées à 30 minutes de déclarations de candidat B et 20 minutes des autres candidats, sachant qu’environ 90% des votants soutiennent A. A à votre avis, quel serait le taux de participation ? Croyez-vous que beaucoup d’opposants de A se déplaceraient pour ça, pendant leurs heures de boulot ?

3). Des valeurs revendiquées mais… peu incarnées par les bloqueurs

(Là, ça va vous choquer, mais je vais tout de même dire ce que j’en pense.)

Les bloqueurs revendiquent les valeurs des travailleurs, mais je trouve que c’est un comble ! Je fais deux heures de trajet pour me rendre à la fac, j’ai travaillé mais je n’ai qu’à me taire et accepter les méthodes de gens qui me disent « fais pas la tête, c’est grâce à nous qu’t’as pas cours », devant un stand où l’on vend des gâteaux et des jus de fruits, ou encore en AG «on se réapproprie les lieux qui nous appartiennent, on pourrait y organiser des débats et des concerts ». Encore une fois, je sais qu’il y a de vraies revendications, je le répète, mais lundi la fac était transformée en terrain de jeu.

Les bloqueurs s’imaginent aussi être les révolutionnaires, les communards, ou les résistants d’aujourd’hui, mais pourtant personne ne les fait taire, personne ne leur tire dessus, personne ne veut les supprimer ! On leur libère même des amphis pour des AG !

Je suis désolée de dire ça, mais pour moi les bloqueurs ne font qu’incarner ce qu’ils dénoncent :

une loi "imposée" par le gouvernement / un choix imposé par les bloqueurs

emploi de la force

faire taire la contestation

le gouvernement / les bloqueurs fixe(ent) les règles, aux autres de s’y soumettre

4). D’autres méthodes

Pour finir, j’aimerais proposer d’autres méthodes qui permettraient aux grévistes de continuer leur mouvement sans pénaliser les étudiants voulant étudier.

Pourquoi ne pas organiser les AG après les cours ? Et surtout pourquoi ne pas en donner la date et l’heure bien avant, pour qu’effectivement les étudiants puissent s’y rendre ?Ou bien une vraie grosse manifestation, un jour de grève nationale prévu de longue date et dont les médias parleraient immanquablement (cf les manifestations des fonctionnaires mardi 20) ? Peut-être aussi pourriez-vous créer un site « grève étudiante à P7 », où vous informez d’avantage, tant sur les causes que vous défendez que les sur moyens mis en œuvre (horaires des AG, des manifestations, débat, etc…)

Les médias ont l’air de très peu se préoccuper des mouvements étudiants. Pourquoi ne pas les faire venir ? Montrez-leur des AG vraiment démocratiques, des débats après les cours, du respect pour les opinions et le travail des autres, montrez-leur des moyens justes pour une cause juste, et le mouvement s’amplifiera.

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Commentaires
R
Salut Audrey.<br /> <br /> Bon, alors en vrac:<br /> <br /> "toujours les mêmes intervenants, qui eux parlent plus longtemps et plusieurs fois."<br /> => Tout le monde est invité à participer au débat, et tout le monde a la possibilité de se réinscrire. Après, faut-il limiter une intervention par intervenant? Peut être...<br /> Le temps de parole est limité, mais il arrive souvent que certaines personnes débordent sur le temps qui leur est donné. Quand ça arrive, c'est difficile de le faire taire...<br /> <br /> "Pourquoi ne pas organiser les AG après les cours ?" => C'est-à-dire? 18h30? La plupart des étudiants sont fatigués en fin de journée, et sont pressés de rentrer chez eux...<br /> <br /> "Il y a au plus 500 personnes qui y assistent, comment pourraient-elles représenter les 26000 étudiants + 1100 personnels administratifs et techniques + 2700 chercheurs et enseignants-chercheurs = 29800 personnes concernées ?"<br /> => Face à ce genre de remarque, on répond généralement que l'AG est ouvert à tous, tout le monde peut y participer, blablabla...ce qui n'est pas totalement vrai puisque difficile de trouver un amphi avec 29800 places assises...<br /> <br /> Oui, le blocage est illégal.<br /> Oui, le blocage empêche ceux qui veulent aller en cours d'y aller (et accessoirement ceux qui veulent aller faire pipi...^^').<br /> Oui, le blocage est une forme de violence (assez modérée cela dit).<br /> <br /> Quelles sont les vrais raisons du blocage?<br /> La mobilisation contre le CPE a montré que le blocage a permis, indirectement, de le faire retirer. Il y a la volonté de reproduire cette mobilisation, le voeux qu'il y ait 3 millions à nouveau dans la rue. Le fait d'admettre qu'on est une minorité à être pour le blocage serait une forme de faiblesse. Mais derrière ça, il y a l'espérance que cette minorité devienne une majorité. <br /> <br /> A ceux et celles qui veulent retourner en cours au plus vite: venir nombreux aux AG pour voter contre le blocage (72,5% d'après une première "estimation" du vote électronique parait-il...). Après, il faut faire le choix entre louper quelques heures de cours pour y aller ou louper "quelques" jours...<br /> Ceci est plus intelligent que d'essayer de débloquer la fac en agressant une fille ou faire des menaces au milieu d'une AG face à des centaines de témoins(je ne parle pas de toi bien évidemment). <br /> <br /> Bloqueurs ou anti-bloqueurs font ce qui leur semble juste. Mais ce bras de fer entre étudiants est en train de diviser tout le monde. <br /> <br /> Ratoman, un bloqueur qui préfère rester anonyme mais qui commence à en avoir marre de cette "guerre civile" entre étudiants.
I
Tout simplement bravo et merci pour cet article intelligent !<br /> Je suis contre le blocage parceque, comme la majorité des étudiants pauvres de plus de 26 ans, étudier et décrocher un diplôme va m'aider à sortir de la précarité. Je n'ai droit à aucune aide financière de l'état, bourses, etc... (à cause de mon âge), je vis en dessous du seuil de pauvreté depuis longtemps. Je dois donc étudier, et ne pas perdre de temps.<br /> Je pense que la seule solution est d'aller discuter avec les membres du gouvernement. Briser son outil de travail n'est pas une bonne solution.<br /> <br /> A vous les étudiants qui bloquez et imposez vos idées, pensez aux pauvres qui cherchent à s'en sortir grâce aux études et à l'obtention d'un diplôme.
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